Petites histoires d’amour pour la route : (1/4) La voix qui révèle les grands guignols

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70 printemps, c’est un capital d’expérience, d’intuition, de fluidité. A ceux qui gardent intact le désir de faire la télé, pourquoi l’interdire ?

Le Canard Enchaîné de la semaine évoque le couac de Canal face à l’un de ses imitateurs, « mis à la retraite » à l’âge de 72 ans. Pourquoi ces guillemets ? Parce que le senior s’est rebellé. Explication.

Les voix de Jospin, Candeloro, Zemmour, Juppé, Ribéry, Strauss Kahn… , il les avait fait siennes.

A son niveau de maîtrise, l’imitation devenait une peinture au scalpel. Elle révélait bien plus, en quelques dizaines de secondes, que n’importe quelle interview du sujet.

Ce que cet homme ( qui a fait Canal ) reproche à son DRH ( qui a fait un plan social ), c’est d’avoir pris prétexte de son âge pour le priver des droits reconnus aux ex-Guignols : un processus de reclassement dans le groupe, et/ou des indemnités de départ, conséquentes compte tenu de ses 25 années d’ancienneté.

Lui, il a la pêche. Pas envie, pas besoin de s’arrêter.

Se faire virer, comme les collègues, s’il n’est pas d’autre solution, il l’accepterait. 

Mais pointer son âge pour le conduire à la porte sans autre forme de procès, il s’y refuse. 

~ C’est possible, ça, de mettre à la retraite un senior juste pour éviter de l’indemniser ?

Oui c’est possible. Mettre un salarié à la retraite à 70 ans, c’est, du point de vue du juge, une décision discrétionnaire, que la loi n’assortit d’aucune condition ni justification. Du coup, le droit de la mise en retraite prévaut sur le droit du licenciement collectif. 

~ C’est quand même choquant ! Et même… méchamment discriminatoire, non ?

C’est objectivement une discrimination, dans le sens commun du terme, puisque on voit bien que certains salariés, pour des raisons purement physiques, sont privés de droits collectifs. Mais selon une majorité de juges aujourd’hui, ce n’est pas une discrimination punissable. 

~ Alors il va perdre, l’imitateur ?

Ce senior-là perdra peut-être, mais nous progressons, à terme la règle changera. Le droit s’inscrit dans l’Histoire. C’est un mouvement, souvent initié par les juges, dont les décisions vont faire évoluer les lois. 

L’affaire a été plaidé le 23 juillet dernier, le jugement sera rendu après les vacances. Nous le regarderons ensemble. 

NB Les seniors ne sont pas lésés seulement en cas de plan social. Dans notre prochaine chronique, on rencontrera un homme de télévision auquel on a tenté d’appliquer une autre technique : le « licenciement pour faute »…

Photo : ageheureux
Texte principal : Oury Attia
Texte en second : Capucine Cueye
Maquette : Nimtsa Web Design
Avocat plaidants côté salariés : Joyce Ktorza

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