La direction de France Télévisions recrute… l’expert-conseil des syndicats

Cabinet Ktorza Denoyelle

Lettre ouverte adressée ce jour à Madame Laurence Mayerfeld.

Madame la Directrice des Ressources humaines,

le recrutement de Monsieur Jacques Denoyelle au poste de Directeur du dialogue social et de la politique salariale suscite des réactions fortement hostiles. Parce qu’il exerce de longue date les fonctions d’expert, délégué par le cabinet Secafi, auprès des élus du personnel, on dénonce cette embauche. Mais quid de la présomption d’innocence ? De quel droit cet homme qui, contrairement à nombre de membres de la direction sortante, présente un casier judiciaire vierge et n’est même pas cité en justice, devrait être condamné par avance ? 

On invoque à son encontre un « conflit d’intérêt ». Mais doit-on considérer que les élus et la Direction sont par nature en conflit d’intérêt ? Ce serait une bien curieuse conception des rapports sociaux dans un service public. Mais admettons. Le sujet a-t-il été gêné dans sa mission de défense des salariés quand il était expert ? Par qui, et par quoi donc ? Et demain, sera-t-il gêné de défendre ceux de la Direction en tant que collaborateur RH ? Ainsi dans la mesure où, avant de prendre le job à France Télévisions, l’expert démissionne de ses mandats d’expert, on voit mal où serait le conflit d’intérêt. Qu’on apprécie ou non son action, Monsieur Denoyelle est un homme libre.

Le supposé conflit d’intérêt apparaît donc comme une mauvaise querelle. Le transfert d’un expert CE à la direction RH ? Nulle infraction, au pire, une indélicatesse. Si les responsables syndicaux s’en trouvent tellement choqués, rien ne les empêche de ne plus dialoguer avec l’indélicat. Comment Monsieur Denoyelle pourrait-il gérer le dialogue social seul face à lui-même ? Mais de grâce, halte aux accusations infondées. 

Un deuxième grief, objectivement plus consistant, porte sur la pertinence de combler le poste laissé vacant par Monsieur Stéphane Chevallier. La question est épineuse. Vous-même avez pris clairement et courageusement position, dès 2019, en faveur d’une réduction d’effectif dans l’encadrement, estimant que le management doit montrer l’exemple quand des centaines d’emplois sont à économiser sur les trois exercices suivants. 

Or peut-on vraiment dire que le bilan de Monsieur Chevallier ( excellent homme au demeurant ) justifierait son remplacement ? A ce jour, pas de bilan de son action. A-t-elle été utile ? Aux milliers de contribuables qui ont financé son traitement, quel compte peut-il rendre ?

Responsable de la politique salariale, qu’a-t-il créé en la matière, en faveur du personnel  ? Quelles voix s’élèvent pour le remercier ? En est-il une seule, qui lui reconnaisse une quelconque avancée et s’en félicite ? Responsable du dialogue social, qu’a-t-il entrepris qui justifie 200 jours par an de « travail », ainsi que les moyens matériels et humains mis à sa disposition ? 

Finalement, en quoi le service des ressources humaines a mieux fonctionné quand il était dans les murs ? Croyez-vous, Madame la Directrice, que l’entreprise irait moins bien sans responsable du dialogue social en titre pendant trois mois ? Et pendant six mois ? …

Reconnaissons que l’argument est lourd de dangers. Car ouvrir une vraie réflexion sur la justification d’un effectif de 500 collaborateurs dans votre Service, qui sait où cela conduirait ? Ne pas remplacer Chevallier, oui mais ensuite ? A qui le tour ? La sagesse est de tenir bon sur le recrutement du successeur, et nous nous en réjouissons. Ainsi vous défendrez l’emploi.

En faveur de cette solution, nous relevons que le « dialogue social », dimension essentielle de la fonction RH, a été assuré à merveille par la collaboration devenue rapidement idéale entre Mme Ernotte et M. Denoyelle.  Ainsi dès 2018, ce dernier salue en Comité de groupe la gestion 2017, quand la Direction souligne en retour la qualité du rapport de l’expert. Nous trouvons mention de ces amabilités dans le compte rendu ( 8 juin 2018 ) qu’en donne le premier syndicat de votre entreprise. 

C’est dire qu’avec Jacques Denoyelle, le dialogue social est effectif. Quelle erreur y aurait-il à s’en priver !

En conclusion, Madame la Directrice, nous plaidons pour que vous résistiez aux pressions. Votre nouveau collaborateur entame bientôt sa période d’essai. Laissez-lui sa chance, vous vérifierez qu’il sait se tenir à table.

( Formule… )

 

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