Fallait pas le provoquer, Rambo. Daniel Herzog, imitateur vedette des Guignols, a réglé ses comptes devant le Conseil des prud’hommes de Boulogne-Billancourt.
Le jugement est tombé le 17 septembre :
CANAL+ devra doubler les indemnités déjà versées à la déprogrammation de l’émission culte.
Motif de la condamnation :
Quand on mobilise la force de travail de quelqu’un, serait-il un artiste, pendant 25 ans et à plein temps, la moindre des choses est de le payer à plein temps… et en CDI.
Cet arbitrage, classique en jurisprudence, ne nécessite pas de commentaire.
Mais ce procès de la précarité en cachait un autre : celui de la discrimination des seniors ( voir notre chronique d’été La voix qui révèle les grands guignols ).
Les termes du débat sont simples : au XXIème siècle, un employeur peut-il encore décider, unilatéralement et sans justification, de renvoyer un salarié au motif de son âge ?
La loi répond : oui, puisqu’un salarié peut être mis à la retraite à 70 ans.
Mais cette loi paraît aujourd’hui doublement critiquable :
> D’abord parce qu’un homme ne doit pas seulement bénéficier de la protection du droit du travail. Il a aussi droit au travail. C’est une liberté individuelle, et une liberté fondamentale. Au nom de quoi l’en priverait-on, tant qu’il est apte au poste et désireux de travailler ?
> Ensuite parce que la mise à la retraite fonctionne de plus en plus souvent comme un moyen, déloyal, de priver le salarié de ses droits. Dans notre affaire, CANAL+ indemnise les 300 collaborateurs des Guignols… mais pas les 2 qui ont dépassé 70 ans ! Imaginez-vous 298 hommes mieux traités que 2 femmes ? Non ? Alors pourquoi discriminer 2 seniors ?
~Sensible au mauvais sort fait à Monsieur Herzog, mais peu enclin à s’attaquer ouvertement à la loi sur les retraites, le Conseil a sanctionné l’employeur, tout en validant la mise à la retraite.
~Ni l’un ni l’autre. Le juge doit toujours statuer quelque part entre humanité et loi – et c’est une excellente chose.
D’ailleurs : juste avant les vacances, les prud’hommes de Paris avaient carrément choisi d’invalider la rupture ( voir notre chronique d’été So choc le senior qui met des claques ). Il est vrai que l’employeur était France Télévisions ! C’est ainsi que surviennent les progrès : par à-coups, à l’occasion des cas les plus particulièrement choquants.
~Trop tôt pour le dire. Les deux camps inspectent leur arsenal…
Photo : decalage78
Texte principal : Oury Attia
Texte en second : Capucine Cueye
Maquette : Nimtsa Web Design
Avocat plaidant côté salarié : Joyce Ktorza